Bernard Fort, Portraits d'oiseaux

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Dans le cadre de l'exposition En vol & en chant, Bernard Fort a imaginé un parcours sonore à travers les chants d’oiseaux qui rend hommage à Buffon.

Depuis des millénaires, les oiseaux chantent la signature de leur espèce et nous proposent ainsi un répertoire musical intemporel. Mettre ces chants en regard des ouvrages du grand naturaliste rend évidente l'actualité de ses écrits, qui nous racontent une Nature elle aussi intemporelle. À la fois scientifique et artiste, Buffon s'attache à des descriptions très précises de chacun des oiseaux, de ses modes de vie et bien sûr de ses chants à une époque où la Nature est à la fois très présente dans la vie des Hommes et chargée d'inconnu.

La lecture de son Histoire naturelle nous renseigne aussi sur l'évolution de notre environnement sonore naturel : les modifications apportées par l'homme aux différents habitats, par les déforestations, l'évolution de l'agriculture, l'urbanisation et l'industrialisation voire le réchauffement climatique ou encore l'introduction d'espèces nouvelles. Nous mesurons aussi les changements de densité et d'aires de répartition, nous apprenons que certains oiseaux, autrefois nombreux, se sont raréfiés ou sont même en voie de disparition alors que d'autres se développent de manière surprenante.

 

Bernard Fort en pleine session d'enregistrement

 

 

 

Autrefois les oiseaux étaient simplement classés en deux catégories sommaires : les gros oiseaux et les petits oiseaux ! Les petits oiseaux étaient reconnus pour leurs capacités à chanter indépendamment de leurs cris d’alarmes, alors que les gros oiseaux ne poussaient que des cris d’alarmes et possédaient des manifestations sonores principalement lors des parades nuptiales.
Par la suite, avec Linné, contemporain de Buffon, puis avec les études sur l’évolution à l’époque de Darwin, la distinction s’est faite entre deux ordres : les Oiseaux Anciens (gros oiseaux) et les Oiseaux Nouveaux (petits oiseaux ou oiseaux chanteurs souvent appelés Oscines, qui font leur apparition sur terre plus tardivement).

De nos jours, nous distinguons les Passériformes (ou Passereaux) et les Non Passereaux. Les oiseaux présentés ici appartiennent aux deux catégories :

  • Les passereaux possèdent quatre doigts et se distinguent par une grande aptitude à chanter, principalement pour séduire une partenaire et marquer un territoire. Les chants sont extrêmement variés tant par leurs sonorités que par leurs structures. Ceci explique que généralement seuls les  mâles chantent, sauf exceptions. Les passereaux utilisent aussi un répertoire assez large de cris d’alarmes, correspondant à des situations bien précises : cris de cohésion des groupes, cris au nourrissage, alarmes pour diverses sortes de dangers, etc.
  • Les non passereaux (rapaces diurnes et nocturnes, pics, gros oiseaux d’eau ou pélagiques…) se manifestent aussi par de nombreux cris d’alarmes dont le sens est assez précis mais ne développent pas cette particularité de « chant pur » dissociable des cris.

Certains oiseaux restent cependant encore difficiles à classer dans l’un ou l’autre des ordres, c’est le cas des pics ou des huppes, par exemple, pour lesquels les informations varient d’un auteur à un autre.
Pour les musiciens, les chants d’oiseaux représentent une source intarissable d’inspiration. Olivier Messiaen disait : « Les Oiseaux sont nos seuls maîtres en musique, il nous suffit des les écouter, ils ont tout inventé ! »
Chaque individu présente en effet un chant personnel et à la fois propre à son espèce. Par exemple, la famille des Grives compte sans doute plus de quarante espèces dont les chants ne peuvent être confondus !