De la cohabitation à la clandestinité : histoire et légende

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Doté d'un goût prononcé pour l'histoire, Médard ne pouvait qu'attacher une sensibilité plus particulière aux ouvrages relatant les moments forts de l'épopée de ses coreligionnaires en France. Ainsi, on retrouve un appel à la fierté des protestants juste avant la révocation de l'édit de Nantes (1685), acte qui avait permis la liberté de culte dans le royaume. C'est un plaidoyer attribué à Claude Brousson (1647-1698), mort en martyr pour la cause de la Réforme, et publié « au Désert », ce non-lieu qui devait symboliser les temps de prohibition pendant un siècle.
 

Privés de l'état-civil et forcés à la conversion catholique, les protestants élaborent des formes de résistance pour maintenir leur foi. Avec les Cévennes et la guerre des Camisards en toile de fonds, les récits et les témoignages oraux se nourrissent de gestes exemplaires et de détails saisissants. Dans l'exercice du culte, coupes et plats de communion, utilisés pour distribuer le vin et le pain à tous les fidèles, deviennent démontables et rangés dans des boîtes. Des méreaux sont distribués comme jetons de communion et en signe d'identification pour les assemblées clandestines du Désert, où même des chaires pliables sont installées pour la prédication du pasteur.
 
Quant aux bibles protestantes, des miroirs auraient servi de cachettes et certains modèles en miniature auraient été dissimulés par les femmes dans leur coiffure. Entre mythe et réalité, ces bibles et psautiers « de chignon » nous transmettent une image à la forte valeur symbolique dans l'histoire du protestantisme.

 

BICHEBOIS (lithographe), Assemblée de protestans à Lecque, Nîmes [sic], vers 1890
Lithographie, Musée du Désert, Mialet