Louis Médard : un protestant « tenté » par les livres

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Jean-Louis Médard, dénommé Louis, naît à Lunel le 2 juillet 1768, dernier enfant mâle d'une famille protestante de négociants originaire d'Aigues-Mortes. C'est encore la période d'interdiction du culte protestant suite à la révocation de l'Édit de Nantes (1685). Ainsi, on lui administre le baptême catholique le 4 juillet suivant, « le père absent ». Par ses études et par son entourage, Louis développe une passion pour la littérature et l'amour des textes va de pair avec la constitution d'une bibliothèque où les beaux ouvrages sont à l'honneur : reliures en cuir et dorées, éditions rares, papiers de luxe, illustrations remarquables... De la sensibilité aiguë pour les livres, lus et étudiés « plume à la main », au don de sa collection à la ville de Lunel, pour l'éducation des jeunes générations, Médard affirme fortement une identité protestante.

 

À l'occasion des 500 ans de la Réforme, le musée veut mettre en relief les convictions religieuses de Louis Médard et suivre le fil rouge de la « mémoire protestante » à travers ses choix de collectionneur. D'ailleurs, le Grand Catalogue que le bibliophile dédie à « ses compatriotes » classe en tête le texte qui fait autorité pour les protestants, la Bible. De plus, c'est une édition censurée particulièrement significative que Médard présente comme un hommage à la liberté de pensée : la Biblia Sacra du théologien espagnol Michel Servet (1511-1553). Jugé comme hérétique, il est condamné au bûcher par les réformés de Genève.