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Archives et technologies émergentes

 

« Archives et technologies émergentes »

Journée internationale des Archives

 

 

Les archives sont apparues avec l'écriture, il y a plus de 5 000 ans.[1]

Les supports des archives ont grandement varié durant cette période, suivant l'évolution des méthodes de stockage de l'information. Les premiers archivistes utilisaient ainsi l'argile (Mésopotamie, dès 3 300 av. JC), le papyrus (Egypte, dès 3 300 av. JC), le parchemin (Pergame, Turquie, dès IIème siècle av. JC[2]) ou même le papier (Chine, dès IIIème siècle av. JC[3]).

Plusieurs points communs entre ces différents supports sont néanmoins visibles. En effet, tous sont des supports physiques sur lesquels sont tracées graphiquement les informations à archiver.

 

Il faut attendre la seconde moitié du XXème siècle et l'émergence des nouvelles technologies pour observer une véritable révolution dans les supports d'archivages. L'information se dématérialise et nécessite désormais des outils pour être lue.

Tout d'abord, les nouvelles technologies ont fait muter les méthodes de travail humaines.

Ainsi, depuis l'ENIAC[4], et le Micral N[5], les ordinateurs sont de plus en petits et de plus en plus efficaces dans le traitement des données. Utilisés dans un premier temps pour le calcul, les ordinateurs ont rapidement vu une diversification de leurs usages, avec le traitement de texte par exemple. Parallèlement à cela, les échanges entre personnes se sont accélérés avec l'émergence de réseaux numériques comme le Minitel en 1982[6] ou le World Wibe Web (l'internet actuel) en 1989[7]. Ces technologies entraînent un changement des pratiques avec une explosion de la production documentaire. Bertram Gross parle même d'infobésité dès 1964[8].

Les archivistes ont dû s'adapter à ces nouvelles circonstances en s'intéressant aux méthodes de conservation de ces informations.

Ils se sont ainsi penchés sur les supports de stockages des données numériques. Ces derniers peuvent être de formes très diverses et ont suivi les évolutions des nouvelles technologies. Les archives municipales de Lunel comptent à elles seules, sept types de médias : CDrom, disquettes souples et rigides, microfilms… Plus ou moins anciens, ils nécessitent tous leurs propres lecteurs. De plus, ces derniers ont parfois disparu. Ce dernier point ne facilite pas le travail des archivistes. En effet, sans outils adaptés, comment lire les données ?

 

   

Divers supports numériques

 

CD-rom Disquette souple Disquette rigide Rouleaux micro-film

 

L'accessibilité des lecteurs n'est qu'un des nombreux paramètres à prendre en compte dans la conservation des données issues des nouvelles technologies. Et, tout comme pour les outils de lecture, chaque point doit être adapté aux spécificités apportées par ces techniques et ce matériel innovant.

 

Cependant, malgré ces contraintes, les archivistes ont tout de même su se saisir des possibilités ouvertes par les technologies émergentes.

Ces dernières sont en effet de formidables outils de conservation et de consultation documentaire à distance. Les organismes gestionnaires d'archives ont de plus en plus recours à la numérisation de leurs documents.

D'une part, ces copies numériques facilitent la consultation des documents fragilisés. Les Archives municipales de Lunel ont par exemple confié la numérisation d'une dizaine de compoix prérévolutionnaires aux Archives départementales de l'Hérault. De ce fait, toute personne intéressée peut consulter les copies informatiques. Les originaux, pluri-centenaires, échappent désormais aux dégradations dues à la manipulation par des néophytes.

D'autres part, une dématérialisation et une mise sur les réseaux des archives les plus consultées intéressent beaucoup les archivistes et les lecteurs[9]. En effet, jusqu'à présent, toute personne intéressée par un document devait venir en salle de lecture pour pouvoir le consulter. Une mise sur les réseaux permet une accessibilité depuis tout ordinateur relié à internet, n'importe où dans le monde. Par conséquent le document peut toucher un plus grand nombre de personnes que depuis la salle de lecture.

A noter que la numérisation de diffusion a tout de même ses limites. Elle nécessite en effet énormément de temps et d'investissement. De fait, seuls 2 à 3 % des fonds d'Archives publiques sont numérisés en France, ce qui représente tout de même environ 3.14 millions de fichiers[10].

 

Pour terminer, de nouvelles technologies émergent régulièrement. Le numérique n'est pas la seule option.

En novembre 2021 par exemple, les Archives Nationales ont accueilli des copies sur brin d'ADN de la « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen » de 1789 et de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », rédigée par Olympe de Gouges en 1791[11].

 

Capsules contenant les deux textes encodés sur ADN (Capsules DNAshell© par Imagene.)

 

Cette méthode de stockage biologique est vue comme la réponse aux problèmes de fragilité et de surconsommation énergétique du numérique. Allons-nous vers une nouvelle révolution technologique ?

 


[1] DELSALLE Paul, « Une Histoire de l'Archivistique », p.11. Première trace d'archives en Mésopotamie en 3 300 avant JC

[9] Personne consultant les archives

[11] https://lejournal.cnrs.fr/articles/stockage-de-donnees-la-revolution-sur-adn, consulté le 06/06/2024.

 


Article rédigé par Laura Bussat, archiviste de la ville de Lunel.

Publié le 9 juin 2024 pour la Journée internationale des Archives