Napoléon et le goût de l'Égypte

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« Songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent » (Bonaparte à ses soldats avant la bataille).

Il ne faudra pas plus de deux mois à Bonaparte (1769-1821) pour mobiliser près de 38000 soldats, réunir 160 savants et rassembler 350 navires pour partir de Toulon vers Alexandrie. Le 1er juillet 1798, Napoléon pense reproduire les exploits d'Alexandre le Grand. Envoyé pour contrer les Anglais et bloquer la route des Indes, en tant que général de l'armée française, il est chargé de conquérir l'Égypte. Le 23 juillet 1798, sur la route du Caire, au pied des fameuses pyramides de Gizeh, l'armée d'Orient se heurte aux 50000 cavaliers mamelouks du sultan égyptien Mourad Bey. Les cavaliers égyptiens s'enfuient en se jetant dans le Nil, qui les emporte. Cette « victoire des Pyramides » ouvre à Bonaparte la route du Caire, puis vers la Syrie.

 

 

Si l'expédition de Bonaparte a ensuite été un échec militaire, par la perte de son armée, elle fait naître une nouvelle science : l'égyptologie. En emportant avec lui des savants, des ingénieurs, économistes, médecins, imprimeurs mais aussi dessinateurs, il ambitionne de réformer l'Égypte actuelle pour la moderniser et mettre en chantier l'étude systématique de la grande civilisation des pharaons, oubliée depuis des siècles. Les fouilles sont lancées à Thèbes, Karnak et Louxor. C'est aussi le moment d'une belle découverte : un pierre gravée de hiéroglyphes, d'un texte de nature inconnue et d'un texte grec, la pierre de Rosette. À la tête de l'équipe scientifique, on retrouve Dominique Vivant Denon (1747-1825), prolifique dessinateur de la Campagne d'Égypte et auteur des mémoires de son voyage. Cette vaste entreprise s'était même appuyée par la lecture et l'étude d'ouvrages, tels les lettres de Savary et le Voyage de Volney (1757-1820), ce dernier tenu en grande considération par Napoléon.