David Huguenin : le travail de reconduction de l'œuvre d'Antonio Beato à Karnak

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Au XIXe siècle, l’invention de la photographie inaugure une nouvelle manière de voir. Nombre de ses sujets restent en étroite continuité avec la pratique du dessin ou de la peinture, mais le « rendu photographique », l’effet de réel associé à la grande précision du procédé, permet un renouvellement total des modes d’observation. Ainsi, l’outil photographique sert bientôt de base à des expérimentations scientifiques, en plein essor dans la société positiviste d’alors. 

Karnak 1870 – 1999 

En 1862, Antonio Beato, photographe d’origine italienne, s’installe et crée un studio à Louxor en Haute-Égypte. Entre 1870 et 1905, il photographie le site et la région des temples de Karnak de manière approfondie. Un siècle plus tard, en 1999, David Huguenin conduit sur ce patrimoine photographique un travail de reconduction, dans le cadre d’une collaboration avec la mission permanente du CNRS sur les temples de Karnak. Ceux-ci correspondent à une aire de plusieurs hectares et à la superposition et imbrication des ruines d’une trentaine de monuments sur un arc chronologique de plus de mille ans, quand Thèbes était la capitale de l'Égypte. 

 

 

Sur place, le rôle principal du service photographique consiste à fournir des documents de travail aux équipes d’archéologues, topographes et dessinateurs présents sur les fouilles. Les archives de ce centre d'études rassemblaient en 1999 déjà 80 000 documents : vues aériennes, fragments d’enduits peints et de poteries, statuaire, couvrant la presque totalité des fouilles entreprises depuis plus de cent ans. 

En marge de cet ensemble considérable, se détache un corpus. En effet, les clichés d’Antonio Beato, parmi les plus anciens conservés dans ces archives, révèlent une approche plus esthétique. Les points de vue de Beato diffèrent aussi considérablement de ceux communs à la représentation « classique » et touristique des temples. Pourtant, ces clichés renseignent encore aujourd’hui les égyptologues de l’état précis et de la chronologie de certaines zones fouillées au XIXe siècle. 

Partant d'une finalité scientifique, David Huguenin a pu découvrir l’intérêt historique et esthétique de la reconduction d’un fonds photographique ancien.