Paul et Virginie

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Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre

Louis Médard commente la parution du roman : « La première lecture de Paul et Virginie, faite devant Buffon… et autres personnages marquants avait paru si ennuyeuse à l’auditoire que la première idée de monsieur de Saint-Pierre fut de brûler son manuscrit. Nous en devons la conservation au peintre Vernet dont le génie sut distinguer un chef-d’œuvre …

 

Bernardin a formé l’harmonie de cette délicieuse pastorale avec une multitude d’harmonies empruntées à la nature éternelle et aux génies de tous les temps … Homère et Virgile, la Bible et Milton, Dante, le Tasse et Fénelon… quelquefois, il surpasse ses modèles en les imitant ». L’édition de 1789 est la première édition séparée de Paul et Virginie.

 

L’exemplaire de Louis Médard qui est de l’édition originale, comporte les gravures avant la lettre d’après les dessins de Moreau le jeune.

Le bibliophile souligne dans sa Préface l’engouement que suscita le roman : « Paul et Virginie fut accueilli avec tant d’enthousiasme qu’on fit sur le même sujet des romans, des idylles et plusieurs pièces de théâtre ; on en imprima les divers sujets sur des ceintures, des bracelets et d’autres ajustements des femmes. Un grand nombre de pères et surtout de mères firent porter à leur enfant venant au monde les surnoms de Paul et de Virginie. La réputation de cette pastorale s’étendit à toute l’Europe. La scène de Paul abrité sous le jupon de Virginie d’une ondée de pluie, caractérise le génie observateur de Mr de Saint-Pierre qui, dans les jeux de deux enfants du faubourg Saint-Marceau, avait dû voir ce tableau : Surpris dans la rue St Victor par une averse, il cherche un abri et voit accourir une jeune fille couverte de son jupon qu’elle avait relevé par derrière, et abritant sous ce parapluie de son invention, deux petites têtes charmantes, animées par la course et par la joie. Monsieur de Saint-Pierre en rentrant chez lui ajouta cette jolie scène à sa pastorale ».

L’édition de 1806 publiée en souscription, est due à Pierre Didot l’aîné dont Bernardin de Saint-Pierre avait épousé la fille Félicité. Ruiné, pour subvenir aux besoins de ses enfants, il entreprit cette nouvelle édition qu’il justifie dans une longue préface. Les six planches gravées font de cet ouvrage un livre de peintres, à l’image de livres du 17e siècle. Elles sont signées Lafitte (Enfance de Paul et Virginie), Girodet (Passage du torrent), Gérard (Arrivée de M. de La Bourdonnais), Moreau le jeune (Les adieux), Prudhon (Naufrage de Virginie) et Isabey (Les tombeaux). Les gravures sont avant la lettre. Certaines annoncent le romantisme. L’exemplaire est un des 150 imprimés sur papier vélin et provient de la bibliothèque de Fontanes, grand maître de l’Université. Louis Médard a ajouté une lettre de l’auteur datée du 21 pluviôse an VII adressée à madame Didot.

Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre

Musée Médard (n°inv. : 1858-0-F051)